J’ai dédié ma carrière à faire progresser des business et donner des clés aux leaders pour que leurs équipes performent en respectant les individus dans leur désir de réalisation. Je dirais « mettre l’économie au service de la communauté, des hommes et des femmes ». J’ajoute, pour éviter toute éventuelle incompréhension entre nous, que je n’oppose en rien économie et société, entreprises et individus. Non seulement j’aime passionnément les unes et les autres mais je crois fondamentalement qu’opposer des formes sociales en réalité complémentaires est aussi vain que contreproductif. Par ailleurs, mettre au service ne veut pas dire asservir. Se mettre au service, être au service, recèle une grande noblesse. Seuls les excès, comme toujours sont néfastes. J’aime donc profondément les entreprises et j’aime entendre les rêves individuels et collectifs. Encore mieux j’aime quand ils se réalisent et pour cela il faut les chérir, les protéger et dégager la route pour leur permettre d’éclore et d’inspirer encore et encore l’esprit d’aventure et l’envie d’entreprendre.

J'ai développer le concept d'entropie sociale pour vous aider à tirer parti des crises et des tensions pour porter des transformations vertueuses. Entropie, s’écrit ENTROPIE. Je le précise car cela sonne un peu comme anthropologie, mais dans ce cas la racine est ANTHROPO et non ENTRO. ANTHROPOS signifie être humain et bien qu’il sera souvent questions d’individus, je m’intéresse davantage aux systèmes et je vais vous l’expliquer.

Dans ce court article je vais définir l’entropie sociale tout en mobilisant vos souvenirs de cours de physique-chimie. Je ne vais introduire aucune application pratique mais vous l’avez compris c’est l’ensemble des podcasts présents sur cette chaine et parfois aussi d’articles auxquels je renvoie sur mon site pour avoir accès à des supports graphique qui va vous permettre, j’espère, d’acquérir une meilleure compréhension de certaines mécaniques et de pouvoir commencer à agir en conséquence. Choisir d’agir plutôt que de réagir, choisir d’anticiper plutôt que de subir, sont les clés pour mener des entreprises vers un succès collectif durable.

J'ai choisi d’utiliser ce terme d'entropie sociale, concept qui n'existe pas vraiment en tant que tel mais que je souhaite développer pour mieux comprendre les phénomènes humains et en particulier ce qui se passe dans nos entreprises, au niveau micro, meso et macro, c’est-à-dire au niveau de l’individu, du groupe, du département et de l’ensemble de l’organisation. Comme je le disais précédemment c’est donc une vision holistique d’un système.  Cette notion d’entropie sociale est à la fois le point commun entre mes différentes expertises et un paramètre souvent négligé mais néanmoins dévastateur sur le moyen et long terme.

Comment m’est venu ce nom d’entropie sociale ? Ce n’est pas qu’une analogie. L’entropie, en grec ancien entropia, peut se traduire d’abord comme un « tour » ou plutôt « l’action de se retourner ». Ce retournement doit se comprendre comme une transformation.

Pour ceux qui voudraient sauter l’explication à venir sur les autres formes d’entropie, je vous donne rendez-vous après le prochain jingle dans à un peu plus de 2 minutes. En fait cela m’arrangerait que vous sautiez cette partie car au fond de moi une voix sournoise affirme que plus je donne de détail sur des sujets que je ne maîtrise pas plus je m’expose à la moquerie. Mais je sais aussi que la culture générale est toujours une bonne chose, a fortiori quand on veut devenir un leader inspirant, capable de connecter des idées en piochant dans plusieurs disciplines et d’agir en conscience. Alors je me risque sur cette pente glissante et intimidante de la vulgarisation. En physique, et pour faire simple, l’entropie est le désordre qui croit inexorablement dans tout système fermé. Ce désordre est hasard, il est chaos. Deux rapides développements pour compléter ce panorama. D’abord l’entropie s’insère dans la seconde loi de la thermodynamique, discipline dont la paternité est attribuée au français Sadi Carnot. Cette loi pose un principe d’irréversibilité. Ensuite, c’est Rudolf Clausius, un physicien allemand, qui a codifié le mécanisme de l’entropie en 1865. Pour les managers retenez que tout système tend à se dégrader de façon irréversible et que cette dégradation est constante à moins qu’intervienne un changement dans le système.

Si nous nous rapprochons progressivement des organisations, il existe deux théories portant le nom d’entropie. L’une est l’entropie de l’information, théorisée par le mathématicien américain Claude Shannon. Pour faire simple, l'entropie indique alors la quantité d'information nécessaire pour que le récepteur puisse déterminer sans ambiguïté ce que la source ou l’émetteur a transmis. L’autre est l'entropie statistique que l’on doit à Ludwig Boltzmann et, elle concerne les systèmes. Elle postule qu’à un niveau macroscopique peut correspondre de nombreux états microscopiques. Il ressort de ces deux théories que pour comprendre un système il est donc nécessaire d’accumuler des informations et de lever des ambiguïtés. C’est la version utile pour des managers.

Définition

Voici venu le moment de définir l’entropie sociale. L’entropie sociale est la dégradation inexorable de toute organisation sociale en l’absence d’adaptation constante aux signaux faibles ou radicale aux signaux forts. Dans mon vocabulaire les signaux faibles sont ces tensions qui s’expriment au sein des équipes dans les entreprises ou avec les parties prenantes comme les clients. Ces tensions que l’on glisse un peu trop facilement sous le tapis en espérant qu’elles vont disparaître mais qui généralement ont cette fâcheuse habitude d’augmenter avec le temps. C’est là où la pire des lâchetés managériales est de penser « bah après tout, après moi le déluge ». Ces tensions devraient au contraire inviter le manager à agir et à comprendre que si elles s’expriment c’est parce que l’entropie, c’est-à-dire la dégradation du système, qu’il s’agissent d’interactions malsaines, de contraintes excessives ou d’objectifs qui entrent en contradiction. Parce que l’entropie donc a atteint un premier seuil critique. Les signaux forts sont ces crises. Certaines sont endogènes, c’est alors la manifestation brutale de l’accumulation chroniques de tensions non résolues. Certaines sont exogènes. Elles n’ont donc rien à voir avec l’entropie a priori, mais elles vont l’accélérer a posteriori.

Par extension, l’entropie sociale peut aussi se comprendre dans une forme plus large qui ne s’intéresse pas qu’à la dégradation mais aussi à l’anticipation et à la compensation des effets néfastes. S’il existe une entropie, il est existe un contraire, on parle parfois de néguentropie, je préfère parler de syntropie. La racine grecque syn-, SYN, veut dire « ensemble » ou « avec ». En effet, on ne saurait compenser l’entropie par une action individuelle, c’est le groupe ou en tout cas une partie du groupe qui doit œuvrer ensemble au rééquilibrage du système. Enfin je suis un praticien, je ne suis pas un chercheur ou un professeur. Mon travail est donc de réduire l’entropie sociale, réduire comme un médecin réduirait une fracture.  Mon travail c’est de réduire les crises, réduire le chaos et les tensions tout en amenant l'entreprise dans un nouvel état d'équilibre plus satisfaisant sans pour autant l’empêcher de faire ses activités ou simplement les ralentir. Oui on peut réduire quelque chose de négatif, améliorer et tout cela sans s’arrêter. Pour prendre la métaphore maritime que j’utilise dans le 1er épisode du podcast, il s’agit de réparer le bateau tout en lui permettant de naviguer sans ralentir et surtout sans repasser en cale sèche. VOUS ME SUIVEZ TOUJOURS ?

Donc au final l’entropie sociale dans ma conception des choses s’intéresse aux transformations plus ou moins profondes, aux adaptations qui permettent de prévenir une dégradation irréversible de l’action collective et de sa coordination. Elle intéresse donc en premier lieu les managers senior, le comité de direction et éventuellement le conseil d’administration qui sont responsable de la coordination efficiente de l’activité et de la chaine de valeur, de la performance économique et sociale. S’intéresser à l’entropie sociale c’est non seulement travailler sur un développement vertueux et durable, plus respectueux des composantes du système (les stakeholders), mais c’est aussi préserver sa réputation. En effet des crises à répétition, des tensions, un turn-over élevé, ça finit par se savoir.

On peut dire aussi qu’un développement organisationnel réussi est une transformation, ou une série de transformations  d’un système d’interactions sociales complexes et à haute densité, partant d’un état d’équilibre initial devenu non satisfaisant pour aboutir à un nouvel état d’équilibre que l'on espère plus satisfaisant.

Alors je vous l’ai dit je suis un praticien, je ne fais pas que décrire, ce qui m’intéresse ce sont les leviers, les solutions.

Répondre à l'entropie sociale

La réponse à l’entropie est toujours systémique ou holistique si vous préférez. Elle dégrade le collectif, sa coordination, sa performance. Il serait donc vain de vouloir la corriger par l’action d’un seul service ou d’un seul individu. La solution est par nature transverse, aujourd’hui on dit aussi souvent cross-fonctionnelle ou intersectionnelle. Elle doit faire levier aux bons endroits, avec les bonnes personnes et sur les bons sujets. C’est là toute la difficulté et plus l’entropie sociale a eu temps et espace pour saper les fondations plus la réparation sera délicate et à la vérité hasardeuse. C’est d’ailleurs pour ne pas laisser le hasard nous paniquer davantage encore que je consacre le 1er véritable podcast à ce sujet. Je vous donne rendez vous dans ce premier épisode baptisé « naviguer la complexité ». La réparation passe invariablement par la modification du récit collectif. Les tensions ou la crise l’ont modifié, il faut donc s’appliquer à en corriger les effets. Cela peut passer, mais pas obligatoirement, par une modification de la culture. En général il faudra aussi activer au moins 2 autres leviers parmi cette liste non exhaustive : gouvernance, structure, traitement de l’information, pratiques décisionnelles, croyances individuelles, formation, …

Des experts comme moi permettent de prendre les meilleures décisions possibles, dans le bon tempo et encore une fois auprès des bonnes personnes. Plutôt que de tâtonner et de faire encore plus de dégâts, nous autres sommes un bon recours capable de vous faire gagner du temps. Et vous savez pourquoi ? parce que nous avons beaucoup commis d’erreurs nous même ! Et nous allons nous appliquer à ne pas les reproduire avec vous.

C’est une nouvelle aventure qui commence pour moi et qui va me demander de sortir de ma zone de confort, avec la régularité d’un rendez-vous mensuel. Je vous exprime d’emblée ma gratitude pour avoir écouté ce premier podcast. Je suis vraiment heureux de pouvoir partager avec vous mes connaissances et mes expériences. Je suis enthousiaste à l’idée d’enregistrer le 3ème numéro (le 2ème étant déjà enregistré) et de m’améliorer au fil du temps. J’espère que cette aventure sera également collective. Elle le sera si nous interagissons. Alors n’hésitez pas à commenter chaque podcast, à orienter les podcasts suivants en me proposant de traiter une problématique. Contactez moi via mon site www.allenvernier.com ou via linkedin. A très vite.